Le calcium joue son principal rôle à l’extérieur des cellules. Il sert à créer des liens entre les parois des cellules en les cimentant les unes aux autres. Un manque de calcium implique une perte de cohésion entre les cellules, qui se traduit par une brûlure de l’apex ou de la marge des jeunes feuilles. Dans la plante, le calcium est relativement immobile et véhiculé par l’eau lors de l’évapotranspiration. Les racines, les feuilles médianes et basales contiennent davantage de calcium, comparativement aux jeunes feuilles et aux fruits, car ils transpirent plus. L’évapotranspiration des nouvelles feuilles est moindre et ces tissus se trouvent à l’endroit où les symptômes de carences en calcium se manifestent en premier.
Cette carence est souvent induite par une croissance trop rapide des plants, laquelle ne permet pas au calcium d’atteindre les tissus en croissance active. Elle n’est donc pas causée par une carence en calcium dans le sol. Chez la tomate, elle est fréquente et mineure, et elle peut, à l’occasion, causer des pertes économiques importantes. Elle affecte également d’autres solanacées (poivron, aubergine), les crucifères, les cucurbitacées, le céleri, la laitue, la fraise, le pommier et quelques plantes ornementales (poinsettia, rudbeckie). La carence en calcium est rarement observée en champ, mais plus fréquente en culture hydroponique en serre. Les fruits sont plus sensibles à la carence en calcium 7 à 10 jours après la floraison. Les fruits des deux premières grappes sont plus souvent atteints que les suivants. La brûlure observée dans la zone stylaire du fruit porte l’appellation « pourriture ou nécrose apicale ».
Les symptômes de la carence en calcium sur la tomate apparaissent sur les jeunes feuilles contenant moins de 1 % de calcium.
Feuille : présence d’une brûlure de l’apex ou de la marge, jaunissement et nécrose entre les nervures des jeunes feuilles. Avec l’expansion foliaire, des malformations et du gaufrage apparaissent sur les feuilles affectées. Les points de croissance sont endommagés ou morts. Brunissement potentiel du pétiole. Envahissement possible des tissus blessés par des bactéries secondaires. Les vieilles feuilles demeurent vertes.
Fleur : les sépales brunissent et sèchent à leur extrémité.
Fruit : les dommages se manifestent en premier sur les jeunes fruits qui sont environ au tiers de leur grosseur. Au début, de nombreuses petites nécroses brun pâle, d’aspect bosselé, se forment à l’apex et parfois sur les côtés puis se regroupent très rapidement pour former une grande plage nécrotique affaissée brune ou noire et sèche. Elle peut affecter jusqu’à la moitié du fruit. Présence parfois d’une pourriture interne qui se manifeste sous la forme de zones noires. La pourriture interne n’est visible que si le fruit est coupé en deux. Les fruits affectés mûrissent plus rapidement.
Racine : les racines sont courtes, plus épaisses et brunes.
La carence en calcium sur les feuilles peut être facilement confondue avec la carence en bore et une phytotoxicité causée par certains herbicides (dicamba, phénoxy).
Pour prévenir la carence en calcium, il faut assurer une croissance régulière des plants en maintenant une bonne humidité du sol (irrigation, paillis plastique), une fertilisation équilibrée (azote sous forme de nitrate (NO3)) et un bon enracinement. Quelques variétés de tomate offrent une certaine tolérance à la carence en calcium. Éviter les dommages aux racines et tous les facteurs environnementaux qui accélèrent la croissance des plantes. En champ, le chaulage avec de la chaux dolomitique, deux à quatre mois avant la plantation, est suggéré ou pulvériser du chlorure de calcium ou du nitrate de calcium sur le feuillage pendant la saison de croissance peut s’avérer efficace. Lorsque les fruits sont en formation, le calcium devrait atteindre les fruits, particulièrement la zone apicale. En serre, l’ajout de calcium dans les solutions nutritives en culture hydroponique est indispensable.
Jones J. J., Zitter T. A., Momol T. M. & Miller S. A. (Eds) (2014). Blossom-End Rot. Dans Compendium of Tomato Diseases and Pests. 2e éd. APS Press. The American Phytopathological Society Press, St-Paul, Minnesota. p. 129.
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Richard C. & Boivin G. (1994). Nécrose apicale de la tomate. Dans Maladies et Ravageurs des Cultures Légumières au Canada. La Société Canadienne de Phytopathologie et la Société d’Entomologie du Canada, Canada. p. 310 et 390. (http://phytopath.ca/wp-content/uploads/2014/10/MRCLC/ch18-tomate.pdf) (http://phytopath.ca/wp-content/uploads/2014/10/MRCLC/ch25-tomate-de-serre.pdf)
https://www.agrireseau.net/lab/documents/Nutrition%20en%20calcium.pdf
http://www.omafra.gov.on.ca/IPM/french/tomatoes/diseases-and-disorders/blossom-end-rot.html