La moucheture bactérienne, causée par la bactérie Pseudomonas syringae pv. syringae, affecte le poivron et le piment. Seules les souches isolées du poivron ou du piment induisent les symptômes caractéristiques de la maladie sur des plants de poivron et de piment. Elles sont donc spécifiques à Capsicum annuum. La tomate est également affectée par la moucheture bactérienne, mais l’agent pathogène est Pseudomonas syringae pv. tomato. La moucheture bactérienne du poivron n’affecterait que le feuillage, pas le fruit. Elle est observée dans les serres, sous tunnels ou en champ sous des conditions fraîches et très humides. Lorsque des pertes de rendement sont notées, elles sont dues aux plants défoliés qui exposent les fruits aux intempéries, affectant ainsi leur qualité. Lorsque la température est chaude et sèche, le développement de la maladie cesse et les plants retrouvent la santé, mais les feuilles affectées demeurent déformées. La maladie apparait en foyer, souvent dans le sens du rang à cause des manipulations effectuées sur les plants. Elle est occasionnelle et mineure. Les symptômes sont observés au printemps lorsque les pluies sont fréquentes et parfois en été, lorsque la température est sous la normale. Elle est habituellement observée en premier près des brise-vent.
La moucheture bactérienne du poivron est peu documentée. Le développement de la maladie nécessite une température variant entre 16 à 24 °C, des nuits fraîches et des conditions très humides (pluie fréquente, rosée, irrigation par aspersion, humidité relative élevée). La bactérie est dispersée par les éclaboussures d’eau (pluie, irrigation par aspersion), le vent et les opérations culturales. Le feuillage humide est propice au développement de la maladie. La bactérie pénètre par les blessures ou les stomates dans les feuilles. Les transplants et les jeunes feuilles des plants matures sont plus sensibles que les vieilles feuilles.
Plantule : présence de taches irrégulières, humides, qui deviennent brun foncé à noires. Parfois des taches nécrotiques sont observées sur les cotylédons et les premières vraies feuilles qui paraissent déformées. Absence de halo jaune sur les plantules. Les taches se regroupent pour former de larges zones irrégulières souvent localisées à la marge des cotylédons ou recouvrant tout le cotylédon, ce qui cause le dépérissement de la plantule. Lorsque l’apex est atteint, la croissance de la plantule est inhibée. Sous des conditions favorables à la maladie, une nécrose humide se développe le long de l’hypocotyle, causant le dépérissement puis la mortalité de la plantule.
Feuille : présence de taches beiges à blanches avec une marge foncée, d’un diamètre variant entre 1 et 10 mm. Présence d’un halo jaune. Lorsque les conditions sont favorables au développement de la maladie, les taches se regroupent pour former de larges plages brunes, ce qui cause la chute prématurée des feuilles.
Fruit : occasionnellement au Québec, des taches brunes sont observées sur le pédoncule.
Sur les plantules, la moucheture bactérienne peut être confondue avec de la fonte des semis lorsque l’hypocotyle est atteint. En général, la fonte des semis est causée par des agents pathogènes du sol.
Sur les feuilles, la moucheture bactérienne peut être confondue avec la tache bactérienne (Xanthomonas campestris pv. vesicatoria). La tache bactérienne présente des taches circulaires jaune verdâtre et humides qui deviennent brun foncé à noires avec un centre beige. Elles sont entourées ou non d’un halo jaune. Une analyse de laboratoire est requise pour les distinguer.
Pour éviter le développement de la moucheture bactérienne, il faut utiliser, en serre, des semences certifiées et des transplants sains. Les transplants doivent être produits dans du matériel et des serres nettoyés et désinfectés. Diminuer la période de mouillure du feuillage.
En champ, ne planter que les transplants sains, cultiver dans des sols bien drainés, assurer de bonnes mesures d’hygiène lors de la manipulation des plants (laver les mains et outils), une fertilisation équilibrée, un bon espacement entre les plants et une bonne gestion de l’irrigation et dans la mesure du possible, favoriser l’irrigation goutte à goutte. Faire une rotation des cultures (2 à 3 ans) avec des plantes non hôtes (céréales) et éliminer les plants malades. Éviter les températures basses et l’humidité élevée dans les infrastructures utilisées pour la production de transplants. Ne pas travailler les plants lorsqu’ils sont mouillés. Minimiser les blessures. La lutte chimique et biologique est disponible pour les transplants et les plants cultivés en serre et en champ. Absence de cultivar de poivron tolérant à la moucheture bactérienne.
Pernezny K., Roberts P. D., Murphy J. F. & Goldberg N. P. (2009). Syringae Seedling Blight and Leaf Spot. Dans Compendium of Pepper Diseases. APS Press, The American Phytopathological Society Press, St-Paul, Minnesota. p. 8-9.
Villeneuve C. (2005). Tache à Pseudomonas du poivron. Dans Les maladies bactériennes du poivron et de la tomate de champ. Publication VZ 018. Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec (CRAAQ). p. 2. (https://issuu.com/craaq/docs/extrait_feuilletage_pleg0022maladie)
http://www.omafra.gov.on.ca/IPM/french/peppers/diseases-and-disorders/pseudomonas-bacterial-spot.html#advanced
http://www.seminis-us.com/resources/disease-guides/pepper-eggplant/syringae-seedling-blight-leaf-spot/