La tache bactérienne, causée par la bactérie Xanthomonas campestris pv. vesicatoria, affecte le poivron, la tomate et à un degré moindre, le piment. Avant le développement de variétés tolérantes ou résistantes à une ou plusieurs races de la bactérie, la tache bactérienne était une des maladies les plus dévastatrices chez le poivron cloche. Aujourd’hui, c’est une maladie commune du poivron et les dommages sont parfois considérables. Des variétés de poivron présentent déjà de la résistance à différentes souches de X. c. pv. vesicatoria ('Declaration', 'Lafayette', 'Revolution', etc.). La tache bactérienne survient dans le monde entier où le poivron et la tomate sont cultivés dans des zones chaudes, humides ou pluvieuses et lorsque l’irrigation par aspersion est employée. La production de transplants en serre est particulièrement affectée puisque les plants sont fréquemment irrigués par aspersion, la densité de plantation est élevée ainsi que l’humidité. La maladie se manifeste généralement dans les parties du champ qui sont moins bien aérées. Elle apparait en foyer, souvent dans le sens du rang à cause des manipulations effectuées sur les plants. Une courte période sèche (environ trois jours) peut supprimer le développement de la maladie. Les pertes de rendement sont imputables à la mauvaise qualité esthétique des fruits ou lorsque les plants sont défoliés et exposent les fruits aux insolations.
La bactérie survit sur et dans la semence, les résidus de culture infectée (une saison), les volontaires et les mauvaises herbes des solanacées. Dans les régions au climat hivernal rigoureux, la bactérie ne survit pas dans les mauvaises herbes et les volontaires. La bactérie est dispersée par la semence, les transplants infectés, les éclaboussures d’eau (pluie, irrigation par aspersion), le vent, les opérations culturales, les outils, la machinerie et les travailleurs. L’utilisation de semences infectées nuit à la production de transplants de qualité. La bactérie pénètre par les stomates et les hydatodes dans les feuilles et par les blessures dans les feuilles et les fruits. La bactérie se multiplie rapidement à l’intérieur des plantes infectées. Le développement de la maladie nécessite du temps chaud (24 à 30 °C) et des conditions humides pendant au moins 24 heures (pluie fréquente, rosée, irrigation par aspersion, humidité relative élevée). Une température nocturne élevée (25 à 28 °C) favorise également le développement de la maladie. Les jeunes feuilles et les fruits immatures sont plus sensibles à la maladie. Lors de conditions favorables, les premiers symptômes apparaissent en moins de 7 jours.
Plantule : les cotylédons sont déformés.
Feuille : les taches apparaissent en premier à la face inférieure. Sur les jeunes feuilles, elles sont petites, jaune verdâtre, de 1 à 3 mm de diamètre, plutôt circulaires et humides. Sur les feuilles plus âgées, elles sont foncées, humides et circulaires à irrégulières. En se développant, les taches deviennent brun foncé à noires avec un centre beige. Les taches se regroupent pour former de grandes brûlures. Présence ou non d’un halo jaune. Les taches sont légèrement déprimées à la face supérieure et légèrement surélevées à la face inférieure. Elles sont généralement plus abondantes à l’apex ou à la marge là où l’humidité tend à demeurer plus longtemps. Lors d’infections sévères, les feuilles jaunissent et tombent. La défoliation partielle est fréquente.
Fleur : lors d’une infection sévère, chute des fleurs.
Fruit et pédoncule : sur les jeunes fruits, présence de petites taches circulaires, verdâtres, de 2 à 3 mm de diamètre. Les taches deviennent brunes à noires, surélevées, parfois craquelées et prennent une apparence verruqueuse. Elles peuvent atteindre 1 cm de diamètre. Les fruits infectés sont souvent envahis par des agents pathogènes secondaires. Le pédoncule est parfois infecté. Les fruits matures sont rarement affectés.
Tige et pétiole : présence des taches étroites, allongées, brun pâle à brun foncé, ressemblant à de petits chancres.
Sur les feuilles, la tache bactérienne peut être confondue avec la moucheture bactérienne (Pseudomonas syringae). La moucheture bactérienne présente des taches circulaires, avec un centre clair, et elles sont entourées d’un halo jaune sur les feuilles développées. Une analyse de laboratoire est requise pour les distinguer.
La tache bactérienne est une maladie difficile à éradiquer une fois établie. Son contrôle dépendra des mesures mises en place pour limiter son développement.
En serre, il faut utiliser des semences certifiées ou traitées à l’eau chaude, des transplants sains et des variétés résistantes ou tolérantes, idéalement à plus d’une race de la bactérie. Les transplants doivent être produits dans du matériel et des serres nettoyés et désinfectés. Diminuer la période de mouillure du feuillage. Assurer un dépistage régulier. Éliminer les mauvaises herbes.
En champ, ne planter que les transplants sains, cultiver dans des sols bien drainés, assurer de bonnes mesures d’hygiène lors de la manipulation des plants (laver les mains et outils), une fertilisation équilibrée, un bon espacement entre les plants et une bonne gestion de l’irrigation et dans la mesure du possible, favoriser l’irrigation goutte à goutte. Bien nettoyer la machinerie. Faire une rotation des cultures (2 à 3 ans) avec des plantes non hôtes (céréales), éliminer les plants malades, les mauvaises herbes et les volontaires des solanacées. Enfouir profondément les résidus de culture immédiatement après la récolte. Éviter de travailler les plants lorsqu’ils sont mouillés et minimiser les blessures. La lutte chimique et biologique est disponible pour les transplants et les plants cultivés en serre et en champ.
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